Dans le contexte d’une prothèse totale de genou, la récupération fonctionnelle repose classiquement sur la maîtrise de la douleur, le contrôle de l’amplitude articulaire et le renforcement musculaire (en particulier du quadriceps). Pourtant, certains patients présentent, dès les premières semaines post-opératoires, des limitations persistantes de l’extension sans cause mécanique identifiable.
Une récente étude multicentrique (Le Guen et al. 2025) révèle une piste jusqu’ici négligée : l’inhibition motrice arthrogénique (AMI). Présente chez 13% des patients avant chirurgie, elle concerne jusqu’à 36% d’entre eux deux semaines après la pose de la prothèse et persiste encore à 3 mois dans un cas sur trois.
Ce qui interpelle, au-delà de sa fréquence, c’est son invisibilité. Phénomène neurophysiologique de protection, l’AMI est déclenchée par la douleur, l’inflammation ou des perturbations proprioceptives. Elle perturbe le recrutement volontaire du quadriceps en modifiant l’excitabilité corticale et les réflexes spinaux, souvent accompagnée d’une hyperactivation des ischio-jambiers.
Cette désorganisation du contrôle moteur peut entraîner une altération de la marche, une atrophie musculaire, voire des troubles proprioceptifs persistants.
Face à ce constat, une double réponse s’impose : détecter l’inhibition motrice le plus tôt possible (via une évaluation clinique fine, une classification visuelle ou, si besoin, des mesures EMG) et intervenir sans attendre sur les boucles sensori-motrices.
L’enjeu est clairement temporel. L’étude montre que les patients présentant une AMI à 3 mois post-opératoire l’avaient déjà développée dans les 15 jours suivant l’arthroplastie avec une stabilité du stade d’inhibition dans la majorité des cas. Ce résultat souligne l’importance d’une prise en charge précoce pour éviter l’installation durable de déficits neuromusculaires et limiter les complications liées à la raideur.
Ces données renforcent la légitimité d’approches ciblées telles qu’Allyane, qui combine imagerie motrice et stimulation auditive pour agir directement sur la commande centrale et ainsi lever les inhibitions à leur origine.
Mobilisable dès les premiers jours post-opératoires, cette solution vise à restaurer une activation musculaire efficace, condition essentielle à une récupération fonctionnelle optimale et durable, au service du bien-être du patient.
https://doi.org/10.1002/ksa.12804
Typhanie Dos Anjos, docteure en neurosciences et responsable recherche Allyane