Lorsqu’une articulation est blessée, les conséquences ne se limitent pas uniquement à la zone touchée : le cerveau réagit immédiatement en s’adaptant. Ces rapides adaptations, qui relèvent de la plasticité neuronale, modifient la communication entre les régions cérébrales, notamment impliquées dans le contrôle moteur et sensoriel. Bien que la plasticité soit souvent perçue comme un processus d’apprentissage progressif, elle peut aussi se manifester de façon immédiate, avec des effets marqués sur la récupération fonctionnelle.
Dans le cas d’une blessure articulaire, deux mécanismes de plasticité à court terme peuvent entrer en jeu : l’immobilisation et l’inhibition motrice.
L’immobilisation :
Lorsqu’un membre est immobilisé, même brièvement (48h), l’activité spontanée qui maintient la communication entre les régions motrices diminue. Cette réduction entraîne une altération des interactions fonctionnelles, en particulier avec les autres régions cérébrales motrices. Ce phénomène, qui peut sembler anodin, a des conséquences directes sur la rééducation : plus cette altération est marquée et prolongée, plus la reprise du mouvement devient difficile, en raison d’une réorganisation des circuits neuronaux impliqués.
L’inhibition motrice :
Certaines blessures induisent une inhibition motrice, un réflexe de protection qui limite la contraction volontaire des muscles environnants. Ce phénomène, appelé « Arthrogenic Muscle Inhibition », repose sur deux mécanismes complémentaires. Au niveau spinal, un déséquilibre dans l’activation des motoneurones perturbe le contrôle musculaire, réduisant le recrutement des unités motrices. En parallèle, des modifications corticales affectent les aires sensori-motrices, altérant la représentation du membre blessé et rendant son activation plus difficile. Ce double impact, périphérique et central, complique la récupération et nécessite une prise en charge adaptée.
Une solution de rééducation : l’imagerie motrice
Face à ces altérations neurophysiologiques, il est important d’intervenir rapidement pour limiter leur impact sur la récupération motrice. L’imagerie motrice constitue une approche particulièrement intéressante dans ce contexte. En visualisant mentalement un mouvement sans l’exécuter physiquement, elle sollicite les circuits neuronaux moteurs, préservant ainsi l’engagement des régions impliquées dans le contrôle du mouvement. Cette pratique mentale contribue ainsi à limiter les effets négatifs de l’immobilisation et/ ou de l’inhibition motrice en maintenant une certaine activité fonctionnelle.
Son intégration dans les protocoles de rééducation, notamment à travers la méthode Allyane qui combine imagerie motrice et sons de basses fréquences, en étend l’application et le potentiel. En favorisant la réactivation des circuits sensorimoteurs, cette approche contribue à optimiser la récupération fonctionnelle. Sensibiliser les praticiens à ces stratégies permet d’intervenir plus tôt et d’adapter la prise en charge dès les premières phases de réhabilitation.
Typhanie Dos Anjos – Responsable recherche Allyane – Docteure en neurosciences