La co-contraction et la prise en charge avec la méthode Allyane
Chloé a 20 ans, il y a 5 ans elle se fracture l’olécrâne avec immobilisation coude au corps. Depuis, elle se bat avec des limitations en extension et en flexion (-20°dans chaque amplitude). Lorsque Chloé tend son coude, elle a beau forcer, rien n’y fait et elle conserve son déficit. Pourtant à la radiographie, rien n’explique ce problème au niveau osseux.
La raison de cette restriction est en fait une co-contraction quasi simultanée des extenseurs et des fléchisseurs du coude avec une prédominance du muscle…biceps à l’extension et triceps à la flexion. Cette contraction étant supérieure à celle du triceps lors de l’extension, Chloé ne peut pas tendre son coude entièrement. De la même manière lorsqu’elle essaie de le plier, le triceps engage en fin de mouvement une contraction plus importante que celle des fléchisseurs du coude.
Définition
« La co-activation ou co-contraction musculaire est un phénomène décrivant l’activation simultanée de deux muscles agoniste/antagoniste lors d’un mouvement. La co-activation musculaire est utile pour limiter l’amplitude des mouvements et augmenter la précision. »(1)
Avantages et inconvénients de la co-contraction
Dans certains cas, cette co-contraction est nécessaire pour protéger l’articulation dans une amplitude qui est momentanément délétère à utiliser. Dans le cas de Chloé, les vingt derniers degrés de flexion ou d’extension risquaient d’entrainer des douleurs lors de la phase de rémission de sa fracture.
Le problème est que cette amplitude de sécurité a été conservée et cela a mis en place un effacement du schéma de flexion et extension totale du coude, les muscles agissant en protection comme si l’articulation arrivait au maximum dans les deux directions.
De ce fait, en fin d’extension les fléchisseurs se contractent entrainant non seulement un blocage de l’articulation mais également une diminution de la force des extenseurs (comme si l’action agoniste/antagoniste était inversée).
Ce qu’il se fait en rééducation
Les structures musculaires
« Des co-contractions fléchisseurs-extenseurs et pronateurs-supinateurs s’installent fréquemment, dès les premiers temps, limitant la mobilité. Les techniques actives de contracté-relâché sont utilisées en respectant l’arc douloureux.
Le biofeedback permet au patient de visualiser les co-contractions lors des mouvements et de prendre conscience du relâchement musculaire.
Les contractures réflexes de protection peuvent également majorer les limitations d’amplitude et la contraction musculaire isométrique ou par courant excitomoteur (1 Hz avec intensité provoquant des secousses musculaires) permet de rompre le cercle vicieux douleur/contracture et de gagner quelques degrés. » (2)
Ces techniques de rééducation fonctionnent dans la majorité des cas mais pour Chloé cela n’a pas été probant car le schéma moteur concernant le mouvement de son coude est resté perturbé.
Ce que propose la reprogrammation neuromotrice
Allyane est une méthode innovante basée sur les sons de basse fréquence, la sensation proprioceptive et l’imagerie mentale.
Par ce biais, nous ne partons pas du geste pour le changer mais de l’image de ce que serait un geste corrigé.
« Le désordre moteur n’est pas d’origine déficitaire mais provient d’un dysfonctionnement de la réalisation motrice »
Julian de AJURIAGUERRA
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Prise de conscience du geste à modifier
Afin de s’assurer que l’image négative du geste en place est perçue comme telle, nous allons d’abord la matérialiser en demandant au patient d’effectuer le mouvement à modifier en le comparant éventuellement avec le côté sain si nécessaire. Il sera accompagné à identifier l’ensemble des sensations proprioceptives associées à ce mouvement.
Lorsqu’il effectue ce dernier il ressent, et donc construit une information proprioceptive du geste à changer.
Puis, pour créer l’image motrice, le patient s’imagine faire le geste avec les sensations qu’il vient de créer.
Écoute de sons de basse fréquence
Une fois la construction en imagerie motrice des sensations proprioceptives du geste à changer établie, le patient va écouter des séquences de sons de basse fréquence à l’aide d’un casque et de l’Alphabox® générant des Sons Pulsés (SP).
Ces sons spécifiques vont accroitre l’émission d’ondes cérébrales alpha et moduler l’activité cérébrale, notamment en étant en hyper-activation de ses aires motrices.
Cette phase dure environ 5 minutes.
Construction de l’image motrice du geste sain
Pour Chloé, il s’agira de prendre conscience sur le membre supérieur sain, que lorsqu’elle effectue une extension du coude légèrement résistée par le thérapeute, seul son triceps entre en action et son biceps est complètement détendu.
Comme pour la construction de l’image négative, une fois que les sensations de bon relâchement du biceps et de la bonne contraction du triceps seront ressenties par le patient, nous lui demandons de créer cette bonne image motrice.
Chloé imagine donc effectuer ce mouvement en ressentant toutes les informations proprioceptives qu’elle vient d’accumuler.
Phase d’effacement
À ce stade, nous demandons à la patiente un petit rappel de la sensation négative qu’elle avait construit en début de séance avec cette augmentation progressive de la contraction involontaire du biceps lors de l’extension du coude (image mentale du geste à changer)
Une fois ce rappel effectué et ressenti, Chloé est guidée par le thérapeute et efface mentalement non seulement cette sensation mais également l’ensemble du membre supérieur « pathologique » à laquelle est associée un son de fréquence spécifique.
C’est donc la phase de déprogrammation (ou effacement) du geste à modifier.
Phase de reprogrammation
Une fois l’effacement accompli, nous demandons à la patiente de « reconstruire » son nouveau bras avec les bonnes sensations proprioceptives du bras sain mises en mémoire précédemment.
C’est-à-dire qu’elle produit l’image motrice des sensations proprioceptives d’un coude qui peut aller en extension et qui est capable d’une amplitude complète puisque le biceps est complètement détendu en fin de mouvement.
Lorsqu’elle confirme cette bonne image motrice du mouvement, nous validons cette information par l’écoute d’un Son Associé.
Cette phase de reprogrammation est répétée trois fois avant d’effectuer le mouvement réellement.
Dans le cas de cette jeune fille, on constate à l’exécution du geste que la récupération est totale pour l’extension du coude.
Nous nous remettons donc au travail pour récupérer la flexion qui, par le même processus de co-contraction en fin d’amplitude reste déficitaire.
Analyse de fin de séance
Une fois les trois répétitions de la phase précédente effectuées, nous demandons à Chloé de faire le mouvement réellement ;
A ce stade nous analysons donc la progression obtenue par rapport au début de la séance
Ancrage de fin de séance
Une fois les flexion et extension récupérées, le traitement se poursuit par une phase d’ancrage. Pendant celle-ci, les sons pulsés (SP) et les sons associés (SA) sont émis dans le casque de façon successive pour que le travail mis en place soit mémorisé au niveau cérébral.
Cette phase dure environ dix minutes.
La suite ?
Il est important que Chloé travaille ce mouvement du bras pour aller dans ces nouvelles amplitudes, même si l’exploration de ces nouvelles angulations est au départ inconfortable.
En effet il faut conserver ce nouveau schéma moteur afin qu’il puisse perdurer !!
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Source :
Rééducation des fractures de la tête radiale : compromis stabilité-mobilité Yannick Dauce*, Béatrice Chapin-Bouscarat* Kiné Scientifique n°415 octobre 2001