I. La spasticité, quelques rappels
La spasticité est une séquelle fréquente invalidante des accidents neurologiques. Elle est la conséquence d’une lésion du système pyramidal comme dans les suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC), d’une sclérose en plaque (SEP), de lésion médullaire (para/tetra parésie/plégie), tableaux de paralysie cérébrales (IMC, IMOC) etc….
Ce symptôme dit positif du syndrome pyramidal est défini par une augmentation du réflexe tonique d’étirement, laquelle est vitesse dépendante. Cette hypertonie pyramidale est élastique comme un ressort : la résistance augmente avec la vitesse d’étirement. Cela signifie que le muscle se contracte de manière réflexe exagérée lors d’un étirement vif.
Cette spasticité à l’étirement est quantifiable (échelle d’Ashworth, Held et Tardieu…) au chevet du patient. Elle est donc le critère clinique de référence qui permet de quantifier cette hyperexcitabilité du motoneurone.
II. La spasticité, quelles répercussions ?
Cette hypertonie peut être nécessaire au maintien de certaines fonctions mais peut également être invalidante pour l’appareil locomoteur.
Dans les suites d’un AVC elle est décrite comme le premier signe d’apparition d’une ébauche de motricité.
L’hypertonicité musculaire est alors parfois la seule capacité motrice mobilisable pour assurer un maintien postural ; par exemple une spasticité du quadriceps permet d’obtenir un verrouillage du genou et donc une station debout.
La spasticité présente également une grande variabilité dans son intensité, dépendant de facteurs individuels émotionnels, environnementaux (stress, chaud/froid…). Elle se majore également en cas d’épines irritatives (cutanées type escarres, viscérales type globe vésical, présence d’infections). Elle est alors un signal d’alerte du corps à prendre en compte surtout chez les patients ayant une atteinte sensitive.
Les spasmes musculaires de spasticité sont en revanche souvent décrits comme des crampes douloureuses par les patients. A cela s’ajoute la douleur générée par la position anormale dans laquelle un membre est maintenu à cause de la spasticité. En effet, lorsque le muscle spastique est contracté en permanence et n’est plus étiré, avec le temps les fibres musculaires se raccourcissent et le muscle se rétracte. Cela entraine une raideur, voire une ankylose articulaire, plaçant le membre dans une position anormale et augmentant des surfaces d’appuis sensibles génératrices d’éventuelles escarres. Cette hypertonie non contrôlable par le patient empêche toute motricité du membre concerné ; il est figé.
Dans le cadre d’une spasticité « modérée » l’ankylose est plus rare. En revanche cette spasticité génère des troubles moteurs au quotidien. Outre la fatigabilité, la contraction des muscles antagonistes devient plus difficile : ils doivent lutter contre le manque de relâchement des muscles spastiques pour mobiliser une articulation.
Au niveau des membres inférieurs, les muscles touchés sont généralement ceux de la chaîne d’extension (triceps sural, quadriceps et adducteurs). Les troubles moteurs se manifestent alors lors de la marche : lenteur, instabilité, modification de la cinématique de marche (démarche « robotisée »), impossibilité de poser le pied au sol. On retrouve aussi des incapacités à se tenir debout et des détériorations du confort (lors des positions allongée ou assise).
Pour les membres supérieurs, les muscles spastiques sont en général ceux de la chaîne de flexion (grand pectoral, biceps brachial, brachial, fléchisseurs du carpe, pronateurs, fléchisseurs des doigts et adducteur du pouce). Une spasticité des membres supérieurs peut être lourde de conséquences au quotidien : la main peut être non fonctionnelle et un membre supérieur replié sur lui-même complique voire empêche de nombreuses activités, comme la prise de repas, la toilette, l’habillage… Les troubles moteurs se traduisent par un manque d’habileté ou une fatigabilité importante.
La spasticité a donc un fort impact sur le confort et la qualité de vie des patients, d’autant plus qu’elle est totalement variable et donc imprévisible selon les diverses situations quotidiennes.
III. La spasticité, quels traitements ?
Il existe différents types de stratégies thérapeutiques de lutte contre la spasticité : la prise en charge en rééducation sensori-motrice avec inhibition de la spasticité (Bobath, étirements, vibrations motrices), l’électrostimulation fonctionnelle, la prise en charge pharmacologique (antispastiques oraux), l’injection de toxine botulique ou encore la prise en charge chirurgicale (pose de pompe à baclofène, neurotomie).
Leurs objectifs sont pour toutes d’augmenter une commande motrice d’une part et d’autre part de réduire selon nécessité la spasticité segmentaire afin de restituer une fonction motrice recherchée.
La méthode Allyane propose aujourd’hui une nouvelle approche non intrusive dans la prise en charge de cette spasticité. C’est un outil complémentaire en rééducation permettant d’obtenir des résultats cliniques à court et moyen termes.
En effet, l’apport des neurosciences a permis de découvrir que le cerveau possède de grandes capacités d’adaptation et de récupération (plasticité cérébrale et neuronale). [1], [2]
La stimulation proprioceptive dans l’élaboration d’un mouvement est bien établie. [3] [4]
D’autre part, l’imagerie mentale et plus particulièrement l’imagerie motrice permet le maintien des affluences neuro-sensitives (essentiellement visuelles) et les performances motrices par entrainement cortical. [5], [6], [7], [8].
Les sons de basses fréquences spécifiques, générés par un dispositif médical, vont accroître l’émission d’ondes cérébrales alpha permettant d’hyperactiver les aires motrices.
C’est pour cela que les sensations proprioceptives du patient sont intégrées en imagerie motrice, couplées à des sons de basses fréquences. Par ce biais c’est l’image du geste que l’on cherche à corriger ou à recréer.
La prise en charge de la spasticité du triceps sural par la méthode Allyane permet une diminution moyenne du score Ashworth de 1,41 point, obtenue sur 91% des patients traités et maintenue à un mois chez 70% d’entre eux. [9] [10] [11].
Bibliographie :
[1] Cofemer : Rode G, Jacquin-Courtois S, Yelnik A. Rééducation des accidents vasculaires cérébraux ; page 13. Septembre 2008.
[2] Jeannerod M. Plasticité du cortex moteur et récupération motrice. Motricité cérébrale, vol.27, n°2, pp.50-56. 2006.
[3] Formento E, Minassian K, Wagner F, Mignardot JB, Le Goff-Mignardot CG, Rowald A, Jocelyne Bloch J, Micera S, Capogrosso M, Courtine G. Electrical spinal cord stimulation must preserve proprioception to enable locomotion in humans with spinal cord injury. Nature neuroscience Oct 2018
[4] Avanzino L, Bassolino M, Pozzo T, Bove M. Use-dependent hemispheric balance, J Neurosci , 2011, vol. 31 (pg. 3423-3428)
[5] Oostra KM, Oomen A, Vanderstraeten G, Vingerhoets G. Influence of motor imagery training on gait rehabilitation in sub-acute stroke: A randomized controlled trial. J Rehabil Med. 2015 Mar;47(3):204-9. doi: 10.2340/16501977-1908
[6] Mateo S, Di Rienzo F, Bergeron V, Guillot A, Collet C, Rode G. Motor imagery reinforces brain compensation of reach-to-grasp movement after cervical spinal cord injury.Front Behav Neurosci. 2015 Sep 11;9:234. doi: 10.3389/fnbeh.2015.00234. eCollection 2015. Review
[7] Ehrsson H., Geyer S., Naito E. – Imagery of voluntary movements of fingers, toes and tongue actvates corresponding body-part specific motor representations – Journal of Neurophysiology, n°90, 2003, pp.3304-3316
[8] Rulleau T, Toussaint L. L’imagerie motrice en rééducation. Kinesither Rev . Avr 2014
[9] Chatain AL, Impact of neuro-cognitive reprogramming in spasticity rehabilitation. Accepted poster in the ESO-WSO Virtual Conference, 7-9 november 2020
[10] Chatain AL, Apport d’une reprogrammation neuro cognitive dans la prise en charge de la spasticité́. Communication et e-poster aux e-JNLF 4-6 septembre 2020.
[11] Chatain AL, Apport d’une reprogrammation neuro cognitive dans la prise en charge de la spasticité́. Poster présenté aux 2èmes Journées de la Société Française Neuro-Vasculaire SFNV, Issy les Moulineaux, Nov 2019.