À la suite d’une blessure articulaire ou d’une chirurgie, certains patients peinent à retrouver pleinement leur mobilité. Ce phénomène, souvent sous-estimé, est lié à une modification de la communication entre le cerveau et les muscles. La rééducation neuromotrice vise justement à rétablir ce lien essentiel pour permettre au patient de bénéficier d’un retour durable à ses pleines capacités motrices. Cette approche représente aujourd’hui un levier clé pour améliorer les protocoles de rééducation, en complément des approches classiques.

Rééducation neuromotrice : de quoi parle-t-on exactement ?

La rééducation neuromotrice désigne l’ensemble des techniques destinées à réactiver la commande motrice entre le cerveau et les muscles, notamment après un traumatisme ou une immobilisation. Elle ne se limite pas à permettre un meilleur recrutement moteur du muscle affaibli : elle agit à un niveau plus central, en ciblant les voies de communication neurologiques qui contrôlent le mouvement.

Contrairement à une rééducation fonctionnelle classique, qui sollicite les muscles de manière mécanique, la rééducation neuromotrice intègre une dimension neurophysiologique. Elle vise à réactiver le lien entre le cerveau et les muscles. 

Les inhibitions motrices : le frein invisible à la récupération

L’un des freins majeurs à la récupération motrice chez un patient est l’inhibition motrice. Il s’agit d’un mécanisme réflexe, souvent déclenché après une blessure, qui empêche certains muscles de se contracter normalement. Ce phénomène agit comme un système de protection : pour éviter d’aggraver une articulation déjà fragilisée, le corps limite l’activation musculaire autour de la zone touchée.

Mais ce mécanisme, s’il persiste, peut ralentir considérablement la rééducation. Il est notamment observé après des chirurgies du ligament croisé antérieur du genou ou en cas d’instabilité chronique de la cheville. Le patient a beau “vouloir” contracter son muscle, le message ne se transmet plus correctement du cerveau aux muscles.

Cerveau, système nerveux, muscles : une coordination à réapprendre

Le corps humain fonctionne grâce à un dialogue permanent entre le cerveau et les muscles, via le système nerveux central et périphérique. Ce dialogue repose notamment sur des oscillations cérébrales, sortes de signaux électriques qui orchestrent nos mouvements. En cas de blessure, cette coordination peut être perturbée. Le cerveau ne “reconnaît” plus certains gestes, ou les envoie de manière altérée. C’est là qu’intervient la rééducation neuromotrice : elle aide à réactiver les circuits neuronaux, à renforcer la plasticité cérébrale et à retrouver une commande musculaire fluide et efficace.

Une approche complémentaire : imagerie motrice et stimulations sonores

Parmi les solutions existantes, la combinaison de l’imagerie motrice (visualisation mentale du mouvement) et l’écoute de sons de basse fréquence s’avère prometteuse. La méthode Allyane est notamment basée sur ce principe, et intègre à ses protocoles l’écoute de sons de basse fréquence générés par l’Alphabimove®, un dispositif médical breveté. Deux études récentes apportent un éclairage précieux sur cette approche :

  • L’étude menée par Dos Anjos, T., Gabriel, F., Dutra Vieira, T., Hopper, G. P., & Sonnery-Cottet, B. en 2023 a démontré une amélioration significative de la capacité de contraction musculaire après une séance incluant ce protocole, dans le contexte d’une inhibition motrice post-chirurgie du genou.
  • En 2024, une seconde étude a mis en évidence que cette association pouvait moduler de manière transitoire la performance de force musculaire, ouvrant la voie à une reprogrammation neuromotrice plus profonde.

Cette approche permettrait donc de lever les inhibitions motrices, en réactivant les connexions entre cerveau et muscle. Elle constitue un levier précieux, notamment en début de rééducation.

Pourquoi la rééducation active reste indispensable pendant une rééducation neuromotrice ?

Si cette technique offre des résultats encourageants, il est essentiel qu’elle soit inscrite dans un parcours de soins. La rééducation neuromotrice ne peut se passer d’une phase active, construite autour d’exercices fonctionnels adaptés à chaque patient.

Ces exercices permettent de :

  • réintégrer les schémas moteurs dans un contexte réel ;
  • réhabituer le corps à produire un mouvement fluide ;
  • renforcer les muscles dans des conditions proches de l’activité quotidienne ou sportive.

Autrement dit, pour restaurer durablement le mouvement, il est indispensable de combiner les outils de reprogrammation neuromotrice avec une progression fonctionnelle personnalisée.

La rééducation neuromotrice s’impose aujourd’hui comme une approche centrale dans le traitement des troubles du mouvement liés à une inhibition musculaire. En agissant sur les circuits neuronaux, elle favorise une récupération plus rapide, plus profonde et plus durable, notamment après un traumatisme articulaire. Intégrée dans un parcours de soins complet, elle permet de franchir un cap décisif dans la rééducation : celui où l’on ne travaille plus uniquement le muscle, mais la commande motrice elle-même.