La plasticité cérébrale, ou neuroplasticité, désigne la capacité du cerveau à se réorganiser en réponse à une certaine expérience. Cette propriété est nécessaire pour répondre aux processus de rééducation fonctionnelle, plus précisément dans la prise en charge des inhibitions motrices persistantes. 

Parmi les stimuli auditifs permettant d’induire une plasticité cérébrale, les sons basse fréquence occupent une place importante. Les découvertes scientifiques récentes ont mis en lumière leur capacité à moduler la relation qui existe entre l’activité cérébrale et musculaire, s’apparentant à une déprogrammation neuromotrice. 

Dans cet article, nous vous proposons donc d’explorer l’impact des sons de basse fréquence sur la plasticité cérébrale, en mettant l’accent sur leur intégration dans des protocoles de rééducation, comme la méthode Allyane.

La plasticité cérébrale : définition et rôle dans la rééducation 

La plasticité cérébrale est au cœur des mécanismes d’apprentissage et de récupération fonctionnelle à la suite de lésions ou de pathologies. Elle permet au cerveau de modifier ses connexions neuronales en réponse à des stimuli externes ou internes. Ce processus est très important dans le cadre d’une rééducation fonctionnelle. Les patients sont amenés à réapprendre des mouvements, tel est le cas dans les inhibitions motrices persistantes induites par des lésions articulaires ou cérébrales (paralysie, AVC, sclérose en plaques, etc.).

Dans le cadre de la reprogrammation neuromotrice, la plasticité est sollicitée pour restaurer des schémas de mouvement altérés par l’utilisation combinée de stimulations mentales et auditives comme l’écoute des sons de basse fréquence et l’imagerie motrice.

Les sons basse fréquence et l’activité oscillatoire cérébrale

Les sons basse fréquence ont un effet sur l’activité cérébrale oscillatoire. Ces sons peuvent modifier des états de synchronisation neuronale qui sont associées à diverses fonctions cognitives et physiologiques. Ces synchronisations neuronales, également appelées rythmes cérébraux spécifiques, incluent notamment les ondes delta associées aux phases profondes du sommeil, ainsi que les ondes thêta, impliquées dans la relaxation, l’attention soutenue et la consolidation de la mémoire.

Une étude récente a démontré que les sons basse fréquence, émis par le dispositif médical breveté l’Alphabimove® dans le cadre de la méthode Allyane, induisent une modulation de l’activité cérébrale oscillatoire. Cette dernière diffère de celle provoquée par des stimulations auditives plus classiques, comme le bruit blanc ou les sons binauraux. Ces résultats ouvrent la voie à l’utilisation des sons de basse fréquence dans des applications cliniques visant à améliorer les fonctions cognitives et motrices d’un patient.

Rééducation fonctionnelle et sons basse fréquence : les mécanismes d’action

La synchronisation neuronale et la plasticité

La capacité des sons basse fréquence à induire des états de synchronisation neuronale joue un rôle clef dans la plasticité cérébrale. En synchronisant les neurones, ces sons favorisent la création et le renforcement des connexions synaptiques, ce qui facilite la réorganisation des circuits neuronaux. Ce mécanisme est particulièrement bénéfique dans des contextes de rééducation fonctionnelle, où la modification des circuits neuronaux est nécessaire pour restaurer les fonctions motrices altérées ou inhibées. 

Par exemple, dans le cadre de la récupération après un AVC, la plasticité cérébrale permet au cerveau de limiter les pertes fonctionnelles en réorganisant les réseaux neuronaux dédiés aux fonctions défaillantes. En modulant l’activité oscillatoire, ces sons créent un environnement propice à la réactivation des connexions synaptiques et à la récupération fonctionnelle, ce qui accélère la restauration des capacités motrices et cognitives. 

Les effets des sons de basse fréquence sur les réseaux moteurs et sensoriels

Parmi les régions touchées par la plasticité cérébrale, les réseaux moteurs sont particulièrement influencés. La stimulation auditive sollicite la relation existante entre le cortex auditif et le cortex moteur, renforçant ainsi les connexions entre ces deux régions. Cette interaction facilite la synchronisation des activités motrices et sensorielles, optimisant les processus de réorganisation neuronale. Les sons de basse fréquence peuvent donc contribuer à la réactivation et à la réadaptation des circuits moteurs, ce qui est essentiel pour la récupération neuromotrice et la restauration des fonctions motrices.  

La méthode Allyane et le dispositif médical breveté Alphabimove

La reprogrammation neuromotrice vise à restaurer ou à améliorer les schémas moteurs en réactivant des connexions neuronales altérées ou en créant de nouvelles connexions pour contourner des inhibitions motrices persistantes. Cette approche s’avère bénéfique pour les patients souffrant de troubles moteurs chroniques, comme les troubles de la coordination résultants de lésions cérébrales.

La méthode Allyane repose sur la combinaison de deux éléments fondamentaux : l’imagerie mentale et l’écoute de sons basse fréquence. Cette synergie permet de créer un environnement propice à la reprogrammation des schémas moteurs.

  1. Imagerie mentale désigne la visualisation mentale des mouvements qui, sans exécution physique, permet d’activer les mêmes réseaux neuronaux que ceux sollicités lors de la réalisation du mouvement. Ce processus renforce les connexions neuronales dédiées à l’exécution du mouvement.
  2. Sons basse fréquence : comme mentionné précédemment, les sons basse fréquence facilitent la synchronisation neuronale et peuvent induire un état cérébral favorable à l’apprentissage. Lors des sessions de reprogrammation neuromotrice, la synergie des effets associés à la stimulation auditive et mentale vont faciliter la création d’un environnement propice à la reprogrammation des schémas moteurs .

Les premières études et applications cliniques de la méthode Allyane ont montré des résultats prometteurs dans le cadre d’une rééducation des déficits moteurs.

Les sons basse fréquence, en synchronisant l’activité neuronale et en modulant les réseaux cérébraux, constituent un outil puissant pour favoriser la plasticité cérébrale. Intégrés dans des approches thérapeutiques telles que la méthode Allyane, ils permettent d’améliorer la rééducation fonctionnelle et de contribuer à la restauration de schémas moteurs altérés. La combinaison de l’imagerie mentale et des sons basse fréquence représente une approche innovante et prometteuse pour la prise en charge des inhibitions motrices persitantes, offrant une nouvelle voie de traitement pour les patients souffrant de déficits moteurs.

Sources :

  1. Buzsáki, G., & Draguhn, A. (2004). Neuronal oscillations in cortical networks. Science, 304(5679), 1926-1929. DOI: 10.1126/science.1099745
  2. Kraus, N., & Chandrasekaran, B. (2010). Music training for the development of auditory skills. Nature Reviews Neuroscience, 11(8), 599-605. DOI: 10.1038/nrn2882
  3. Panksepp, J., & Bernatzky, G. (2002). Emotional sounds and the brain: The neuro-affective foundations of musical appreciation. Behavioural Processes, 60(2), 133-155. DOI: 10.1016/S0376-6357(02)00080-3
  4. Chanda, M. L., & Levitin, D. J. (2013). The neurochemistry of music. Trends in Cognitive Sciences, 17(4), 179-193. DOI: 10.1016/j.tics.2013.02.007