La spasticité est un trouble moteur qui peut impacter la qualité de vie d’un patient de manière significative. Toutefois, il existe différents moyens de prendre en charge ce symptôme et de limiter les difficultés qu’il peut induire au quotidien. Dans cet article, nous vous proposons donc de découvrir les différentes origines de la spasticité, ses symptômes caractéristiques, ainsi que les techniques de prise en charge utilisées aujourd’hui, dans le cadre du traitement de cette pathologie.
Qu’est-ce que la spasticité ?
La spasticité se définit par des contractions musculaires réflexes et de vitesse dépendante. Celles-ci se traduisent par une raideur musculaire à l’étirement, portant généralement sur les muscles des membres présentant un déficit moteur. Cette pathologie se caractérise par sa grande capacité de variation dans le temps : ses symptômes, d’intensité variable, peuvent survenir pendant la journée, mais également pendant la nuit, et peuvent ainsi impacter de manière significative la qualité du sommeil de la personne atteinte.
Ce symptôme de spasticité peut être retrouvé dans la suite de certaines pathologies touchant la voie pyramidale, comme la sclérose en plaques ou dans le cadre de séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC). En outre, certains facteurs connus aussi sous le nom d’épines irritatives (le stress, la fièvre, les blessures cutanées (escarres), des infections (urinaires, dentaires)), peuvent avoir un impact important sur le niveau de spasticité d’un patient.
Les différentes conséquences de la spasticité
Les principales conséquences de la spasticité sont l’hypertonie musculaire et l’augmentation des réflexes ostéotendineux. Ces différents troubles peuvent avoir des répercussions significatives sur le patient, notamment :
- des spasmes ;
- des contractures ;
- une posture physique anormale ;
- des douleurs, etc..
L’impact de la spasticité sur la qualité de vie d’un patient souffrant de cette pathologie est donc bien réel. Cette dernière peut, en outre, générer des troubles moteurs et une perte de dextérité dans les doigts. Ces effets sont susceptibles de rendre les gestes du quotidien de plus en plus difficiles à effectuer pour un patient atteint de spasticité, sans oublier les conséquences psychologiques et la perte d’estime de soi que ces difficultés peuvent également engendrer.
Quelles peuvent être les causes de la spasticité ?
Selon le Dr. Laura Terrier, neurochirurgienne au CHU Charles Nicolle de Rouen, la spasticité peut être induite par un trouble nerveux en lien avec les neurones de la boucle d’étirement des muscles à commande volontaire, ou d’une difficulté de transmission des informations entre le muscle et le nerf (déficience de la conduction nerveuse). Ces types de problèmes peuvent survenir dans différents cas de figure, notamment suite à :
- un accident vasculaire cérébral (AVC) ;
- une forme évoluée de sclérose en plaques ;
- des lésions de la moelle épinière (traumatisme, tumeur, etc.) ;
- une paralysie cérébrale.
Les différentes prises en charge possible dans le cadre du traitement de la spasticité
Pour traiter efficacement la spasticité, plusieurs approches peuvent être envisagées en fonction de l’état du patient et de la gravité de la pathologie.
Les traitements médicamenteux
Les traitements médicamenteux jouent un rôle essentiel dans la gestion de la spasticité, bien que leur efficacité puisse varier en fonction des patients et des causes sous-jacentes. Voici les principaux médicaments utilisés dans le cadre du traitement de la spasticité :
Les benzodiazépines : des médicaments comme le diazépam peuvent aider à réduire la tension musculaire grâce à leurs effets relaxants. Toutefois, leur utilisation prolongée peut entraîner des effets indésirables chez le patient, comme la somnolence excessive.
Le baclofène : ce relaxant musculaire inhibe l’activité des neurones excitateurs dans la moelle épinière, ce qui permet de réduire la contractilité musculaire. Une administration par voie intrathécale (au niveau lombaire) est favorisée dans les cas graves où les traitements par voie orale sont inefficaces.
La toxine botulique (Botox) : injectée dans les muscles atteints de spasticité, elle permet de réduire la contraction musculaire. Elle est idéale pour prendre en charge la spasticité localisée, mais nécessite des injections répétées.
Le dantrolène : ce médicament offre la possibilité de réduire directement la contraction musculaire, mais son usage est limité par ses effets secondaires potentiels sur le patient, notamment au niveau du foie.
Les modulateurs des canaux ioniques : des médicaments comme la tizandine permettent de moduler la libération de neurotransmetteurs excitants dans le système nerveux central. Ils sont favorisés pour leurs effets secondaires moins marqués.
La rééducation : un pilier du traitement de la spasticité
La rééducation joue un rôle clé dans le traitement de la spasticité. Le kinésithérapeute peut, par exemple, appliquer des techniques de mobilisation, d’étirement et de renforcement musculaire pour améliorer la mobilité articulaire et réduire la sensation de raideur. Ces exercices sont particulièrement importants pour maintenir un équilibre musculaire chez le patient et prévenir les contractures.
La neurodynamique et les techniques de mobilisation nerveuse peuvent également aider à cibler les foyers de spasticité en aidant le patient à travailler sur les structures nerveuses pour améliorer sa coordination motrice. Des activités physiques adaptées, comme la marche, l’aquagym ou l’utilisation de vélos d’appartement, peuvent aussi aider à renforcer la coordination motrice et réduire la spasticité.
Notre conseil : l’adaptation des exercices à chaque patient est essentielle pour obtenir des résultats significatifs. Ce processus nécessite souvent une collaboration étroite entre kinésithérapeutes, neurochirurgiens et médecins. |
Les épines irritatives
Les épines irritatives désignent des foyers pathologiques situés dans la moelle épinière. Dans certains cas de figure, ils peuvent jouer un rôle très important dans l’aggravation de la spasticité. Celles-ci peuvent provoquer des réflexes exagérés et des contractions musculaires involontaires chez le patient qui en souffre. Leur prise en charge repose sur une intervention kinésithérapique précoce, comprenant des techniques de mobilisation et de relaxation et permettant de réduire la suractivation musculaire. Dans certains cas de figure, des approches manuelles, comme les techniques de neurodynamique ou des stimulations électriques peuvent aussi être utilisées pour influencer ces réflexes, tout en améliorant l’agilité musculaire et la posture des patients.
La neurochirurgie : une prise en charge de la spasticité pour les cas sévères
Lorsque la spasticité ne répond pas aux traitements médicamenteux et rééducatifs, la neurochirurgie peut alors être envisagée. La rhizotomie sélective est une technique régulièrement utilisée dans ce cas de figure. Elle consiste à couper certaines racines nerveuses responsables de l’hyperactivité musculaire, particulièrement dans les cas de spasticité localisée. Cette procédure peut être réalisée sous guidance radiologique ou par voie chirurgicale traditionnelle.
Bon à savoir : la rhizotomie sélective est surtout indiquée pour les cas graves où la spasticité altère gravement la fonction musculaire du patient. Cependant, elle nécessite une évaluation complète de ce dernier pour éviter tout risque de complication. D’autres techniques neurochirurgicales, comme la stimulation cérébrale profonde (DBS), sont en cours d’étude dans le cadre du traitement de la spasticité et montrent des résultats prometteurs dans des cas neurologiques complexes. |
L’importance de la rééducation dans la prise en charge de la spasticité
Il existe différentes techniques de rééducation, utilisées dans le cadre du traitement de la spasticité. Bien qu’elles reposent sur différents concepts, elles ont pour objectif d’améliorer la récupération sensori-motrice et l’apprentissage du geste pour permettre au patient de retrouver une indépendance optimale dans son quotidien.
Le concept de Bobath [1], par exemple, tend à inhiber, entre autres, la spasticité pour améliorer la motricité volontaire des membres. Le contrôle de la posture suit un axe de progression qui commence par la position allongée, jusqu’à atteindre le stade de la marche.
À l’inverse, les exercices du concept de Brunnström tendent à utiliser la spasticité pour exploiter les capacités du patient afin de lui permettre de se tenir debout et déambuler le plus rapidement possible.
La rééducation neurologique peut également jouer un rôle central dans la prise en charge de la spasticité. Les étirements musculo-tendineux réguliers permettent, par exemple, d’annihiler les symptômes de la pathologie à court terme et d’éviter certains effets secondaires sur le long terme.
Enfin, il est important de noter que, dans le cadre de la prise en charge de la spasticité, la stimulation électrique n’est pas utilisée de manière systématique par les équipes de rééducation. Elle permet, en outre, de prendre en charge la fonction motrice des muscles antagonistes aux muscles spastiques et participe à l’optimisation de la force de contraction des muscles déficients. Toutefois, la stimulation électrique ne doit en aucun cas se substituer aux différentes méthodes de rééducation décrites précédemment.
La méthode de reprogrammation neuromotrice Allyane dans le cadre du traitement de la spasticité
La méthode de reprogrammation neuromotrice Allyane propose une nouvelle approche dans le cadre de la prise en charge de la spasticité. Il s’agit d’un outil complémentaire aux principes de rééducation, qui permet d’obtenir des résultats cliniques sur court et moyen terme.
En effet, les neurosciences ont permis de mettre en lumière l’impact de la stimulation proprioceptive dans la conception d’un mouvement [2] [3] et celui de l’imagerie mentale (en particulier de l’imagerie motrice) pour maintenir les affluences neuro-sensitives et les performances motrices par entraînement cortical [4], [5], [6], [7].
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FAQ
Quelle est la différence entre la spasticité et la rigidité ?
La spasticité et la rigidité sont deux des troubles moteurs liés à des lésions du système nerveux central. Elles diffèrent dans leur origine et leurs manifestations. La spasticité se caractérise par une augmentation du tonus musculaire et l’apparition de réflexes exagérés. Elle est souvent déclenchée par un mouvement rapide ou une sollicitation et est liée à une dysfonction des voies nerveuses motrices. La rigidité, quant à elle, se manifeste plutôt par une résistance uniforme du muscle pendant un mouvement, indépendamment de sa vitesse, et est généralement associée à des pathologies neurologiques, comme la maladie de Parkinson.
Quand survient la spasticité ?
La spasticité survient généralement après une lésion du système nerveux central, affectant les voies motrices responsables de la régulation du tonus musculaire. Elle est souvent observée à la suite de pathologies neurologiques, comme les accidents vasculaires cérébraux (AVC), les traumatismes médullaires, la sclérose en plaques, les lésions cérébrales traumatiques ou les maladies neurodégénératives (comme la paralysie cérébrale). La spasticité peut se développer progressivement, souvent après une période de récupération post-accident, et se manifeste par une raideur musculaire et des contractions involontaires.
Qu’est-ce qui augmente la spasticité ?
Plusieurs facteurs peuvent augmenter la spasticité, rendant son contrôle plus difficile. Parmi eux, on retrouve notamment :
- les infections urinaires, pulmonaires ou toute autre infection ;
- la douleur, qu’elle soit d’origine musculaire, articulaire ou liée à d’autres conditions ;
- les changements de température : les températures extrêmes, notamment le froid, peuvent entraîner une augmentation de la raideur musculaire, alors que la chaleur excessive peut parfois induire une hyperactivité musculaire ;
- certains déséquilibres hormonaux ou métaboliques, comme les troubles électrolytiques, peuvent augmenter la spasticité ;
- de mauvaises positions prolongées ou des mouvements brusques peuvent déclencher ou aggraver la spasticité ;
- l’état émotionnel d’une personne joue un rôle clé, et le stress peut amplifier les symptômes de la spasticité ;
- le manque de mouvement et de stimulation musculaire peut aussi entraîner une perte de souplesse et une augmentation de la raideur musculaire.
Ces facteurs doivent être gérés soigneusement pour prévenir les crises de spasticité et optimiser la prise en charge du patient.
[2] Formento E, Minassian K, Wagner F, Mignardot JB, Le Goff-Mignardot CG, Rowald A, Jocelyne Bloch J, Micera S, Capogrosso M, Courtine G. Electrical spinal cord stimulation must preserve proprioception to enable locomotion in humans with spinal cord injury. Nature neuroscience Oct 2018
[3] Avanzino L, Bassolino M, Pozzo T, Bove M. Use-dependent hemispheric balance, J Neurosci , 2011, vol. 31 (pg. 3423-3428)
[4] Oostra KM, Oomen A, Vanderstraeten G, Vingerhoets G. Influence of motor imagery training on gait rehabilitation in sub-acute stroke: A randomized controlled trial. J Rehabil Med. 2015 Mar;47(3):204-9. doi: 10.2340/16501977-1908
[5] Mateo S, Di Rienzo F, Bergeron V, Guillot A, Collet C, Rode G. Motor imagery reinforces brain compensation of reach-to-grasp movement after cervical spinal cord injury.Front Behav Neurosci. 2015 Sep 11;9:234. doi: 10.3389/fnbeh.2015.00234. eCollection 2015. Review
[6] Ehrsson H., Geyer S., Naito E. – Imagery of voluntary movements of fingers, toes and tongue actvates corresponding body-part specific motor representations – Journal of Neurophysiology, n°90, 2003, pp.3304-3316
[7] Rulleau T, Toussaint L. L’imagerie motrice en rééducation. Kinesither Rev . Avr 2014